Finalement, je me jette à l’eau… l’Australie et mon ressenti! Ces propos n’engagent que moi, mais je voulais les partager!
Je voyais l’Australie comme une copie de Los Angeles : surfers, soleil, villes modernes où il fait bon vivre, cafés… Papa m’écrivait d’ailleurs dans son dernier mail qu’il n’imaginait pas l’Australie sans le wifi, moi non plus… mais tout ça c’était avant! Avant notre traversée de l’Australie du centre, de l’Outback et de notre découverte du Territoire du Nord.
Nous avons traversé des paysages plats, à perte de vue, rouge vif, comme les brochures nous le montrent… et tous les 200 km, un village, qui n’a de village que le nom, vu qu’il n’a pas les habitants! Ça se résume à une pompe à essence et une dizaine de petites « maisons » surélevées (en prévision de la saison humide) en tôle. L’autoroute que nous suivons est une route à double sens, sans bas côté, limitée à 100, 110, ou 130 km/h, selon un principe flou que nous n’avons pas saisi! Bref, face à un convoi exceptionnel (ce qui nous est arrivé 3 ou 4 fois) ou face à un road train (plusieurs fois par heure…), la situation peut vite être compliquée.
Mais là n’est pas la question (même si en voyant ces routes on se dit que la France est particulièrement bien dotée au niveau de ses infrastructures). Plus on s’approche de Darwin, plus la population change. Nous croisons des « Blancs », de type cowboys, avec chapeau, jean et 4*4, et des Aborigènes (que ne n’avions jusque là pas rencontrés, ils semblent être absents de la Gold Coast).
Je sais qu’il ne faut pas faire de généralités, mais là, c’est ce que nous avons vu. Ils sont pieds nus, parfois voûtés, très souvent hagards, en bandes dans lesquelles ils s’insultent ou seuls à trier les poubelles. Ces gens respirent la pauvreté, le désœuvrement et la tristesse.Telle est notre première vision du monde aborigène, dont je ne connaissais que les dessins en pointillisme vus au Musée des Arts Premiers. Cela nous ramène deux années plus tôt lorsque nous avons voyagé en Namibie et en Afrique du Sud : le même désœuvrement, la même misère croisés.
Du coup nous faisons des recherches sur Internet et ce que nous découvrons nous laisse un sentiment amer.
Chassés à l’arrivée des anglais, à partir de 1770, et sans accord avec les envahisseurs, les Aborigènes sont écartés de leur territoire, repoussés vers le Nord et le centre de l’Australie. James Cook déclarera le principe de « Terra Nullius » : territoire inoccupé, autrement dit, les terres n’appartiennent à personne.
La population des Aborigènes passe de 350 000 à 100 000 en 150 ans, décimés par les maladies comme la variole importées d’Europe, les massacres, l’alcool…
Et c’est seulement tout récemment qu’ils obtiennent le droit de vote (1962), qu’ils sont recensés (1971), qu’ils sont reconnus comme propriétaires de la terre de leurs ancêtres, avec l’abandon de la loi Terra Nullius (1992), une indemnité leur est alors versée.
Nous apprenons également en surfant sur la toile, que d’après le rapport des Nations Unies sur le développement humain de 2003, les Aborigènes et les Indigènes du détroit de Torrès possèdent la deuxième plus mauvaise qualité de vie au monde après certains peuples de provinces chinoises.
Ces chiffres, ces dates si récentes nous interpellent! C’est si frais! Cette prise de conscience si tardive du problème Aborigène nous dépasse complètement! Pourquoi si tard? L’Australie se trouve face à un vrai défi humanitaire que nous ne soupçonnions même pas depuis notre petit chez nous, mais qui est encore bien caché et apparemment tabou sur la belle côte Est aux eaux turquoises.
Finalement, je ne sais pas comment terminer cet article. Nous n’avons pas de leçon à donner, pas de solution, car le problème est complexe, mais l’envers du décor est rude, insoupçonné et nous laisse un vrai sentiment de malaise tant l’écart entre les habitants de ce pays est grand. A réfléchir, à méditer… Mais ce sentiment où l’on fait semblant de ne pas voir ce qu’il se passe à côté me gêne beaucoup, cette vitrine dorée et clinquante que nous présente l’Australie en mettant de côté ses origines me titille. Sommes-nous pareils chez nous? probablement…
Aujourd’hui, j’en suis là, nous quittons l’Australie dans quelques jours et y reviendrons das un mois… à suivre…